Que du bonheur !
« Ni Brecht, ni Duras ! » ainsi concluait Sébastien Biessy dans une interview …et nous avons eu le bonheur d’assister à une représentation exceptionnelle d’une pièce de Bertold Brecht Grandeur et Misère du IIIème Reich … de quoi réconcilierl’un avec l’autre ? Merci aux sélectionneurs d’avoir mis leurs goûts personnels en coulisses pour nous offrir ce moment intense de théâtre. En une heure et 8 tableaux Estelle Bordaçarre, la metteur(e) en scène a donné à voir une oeuvre burlesque et chorégraphique réglée au cordeau et soutenue par des comédiens tous justes et pour certain, exceptionnel. Toute la noirceur et la monstruosité d’une époque et d’un dictateur étaient là, sur le plateau de l’Ancienne Eglise bien trop étroit, alors que Salle Malesherbes s’étalaient avec confort les comédiens de Nuits à Rebours. Le flash back cinématographique dans lequel Lilian Llyod nous a emmenés, aurait pu en effet être présenté avec le même bonheur sur une scène plus petite. Mais je ne boude pas mon plaisir et j’ai aimé cette pièce. Le contraste entre la légèreté apparente des dialogues et le poids du passé, entre la transparence des décors et la noirceur des personnages, la musique discrète… on n’entendait pas une mouche voler dans la salle… ce qui ne fut pas le cas quelques heures plus tard lorsque Madame Sans gêne a fait son entrée fracassante sur les planches donnant à rire franchement tant sa gouaille généreuse en imposait à la salle entière. Quelle débauche de tissus, de meubles, de perruques tout à coup ! Toute une époque reconstituée dans un décor fait mains et dans des costumes cousus mains ! Les enfants dans la salle riaient, les parents aussi. Madame sans gêne et ses complices m’ont charmée à défaut de m’avoir séduite. Mention spéciale à l’équipe technique qui a dû commencer son travail très tôt le matin en raison d’une coupure d’électricité la veille au soir qui l’a empêchée de préparer les décors de Brecht pour la représentation « spéciale lycée J. Cocteau » prévue à 10h ce samedi ! Enfin, le déjeuner bucolique des troupes s’est tenu sans la pluie – mais tout juste – dans une atmosphère très conviviale. Que du bonheur vous dis-je !
Claude MUSLIN