Le Trille Blanc (Rueil Malmaison)
Une jeune femme vient d’épouser un historien effacé et besogneux. Insatisfaite de sa vie qu’elle considère ennuyeuse et médiocre, elle s’est déjà résignée à vivre sans passion ni vocation. Soudain, réapparaît dans son environnement son amour passé, un brillant esprit naguère débauché. Cet évènement déclenche une impulsion vitale qui s’avèrera dramatique.
Adultes et grands adolescents – Durée : 1 h 40
Hedda Gabler s’ennuie… aussi
Vendredi après-midi, dans l’antre de l’Ancienne Eglise, l’at mosphère sur scène est froide et sombre. C’est normal, nous sommes en Norvège, chez les Gabler. Et Hedda Gabler est une femme plutôt réfrigérante et antipathique ; pourtant, curieusement, tous les hommes en sont fous ou le deviennent. Dans une ambiance glacée, des personnages énigmatiques s’affrontent nez à nez, croisent des regards appuyés, se frôlent avec ambiguïté, ressortent de vieux dossiers du passé et conversent dans un style ampoulé… on se croirait presque chez Bergman ! La mort y est aussi invitée. Sur un air de flûte enchantée ou de tango endiablé, elle rôde et traverse la scène d’un pas feutré. La grande faucheuse exceptée, tout nous est suggéré : les intrigues du passé, le feu de cheminée, l’arrivée d’un bébé, l’ambiance d’une soirée animée, la vérité aussi sur cette curieuse hyménée entre un mari effacé et cette femme perverse et pyromane qui joue avec les armes et le feu (cette manie de traverser d’un doigt la flamme des bougies !) ainsi qu’avec les nerfs des spectateurs qui se demandent bien quand ses phrases vont enfin se terminer par un point. et nous ne réagissons qu’aux cris de désespoir d’un écrivain trompé et d’une muse sacrifiée, qu’aux nombreux coups de feu tirés, et qu’à la voix forte et portée d’un juge magnanime occupant autant la scène que son côté, et qui nous offre enfin le mot de la fin. Le mot pour rire dans cette dramatique peinture de moeurs décrite par Ibsen, mais peut-on rire de la mort et de la folie ?
Brigitte Duforez