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Titre du blog : XVIIIème Festival de Théâtre de Maisons-Laffitte
Auteur : festivalml18
Date de création : 19-03-2009
 
posté le 21-03-2009 à 08:12:22

Samedi 23 mai - 14 h 30 - Salle Malesherbes

Nuit à Rebours, de Lillian Lloyd

Les Théâtropathes (Paris)

 

Quatre soeurs, Lily, Gene, Diva et Rose, tiennent un hôtel isolé où ne passe jamais personne jusqu'au jour où un homme sans passé vient réveiller de vieux fantômes... Cet homme, Personne, est l’archétype de l’Autre, celui qui dérange  par son regard, celui qui devine et met mal à l’aise.

 

Adultes et adolescents - 1 h 30

 

Nuit à rebours : une pièce qui compte

 L’ennui est bien « nucléaire » dans cet hôtel isolé tenu par quatre sœurs hantées par leur passé et habitées par une violence qui semble irrémédiable. Un ennui qui terrasse, qui annihile la vie, le présent et l’espoir. Un ennui qui irradie les êtres et les objets. Elles sont quatre - Lily, Gene, Diva et Rose - mais seules, chacune enfermée dans le carcan de leur histoire familiale. Les quatre comédiennes campent des personnages en souffrance avec justesse et nuance sans tomber dans le pathos grâce à un texte qui en fait lui-même l’économie. Le risque était pourtant là avec un tel sujet. Lilian Lloyd joue aisément avec les mots (« personne », « tout le monde »…), mène son texte avec habileté, prend des risques avec des répliques osant la vulgarité et ça fonctionne plutôt bien. Les comédiennes sont à leur place, lesmots aussi mais il y a un bémol concernant le personnage masculin, cet homme qui arrive dans la vie des quatre sœurs et qui réveille leurs démons. Ce personnage masculin semble survolé alors qu’il est essentiel dans la pièce. Qui est-il ? On ne le sait pas pendant la majeure partie de la pièce, on sait seulement qu’il est « Personne », sans passé ou à la recherche de son histoire. Trop de mystère tue le mystère, on passe à côté de ce personnage et c’est dommage. Sa présence est expliquée tardivement, dans une surenchère explicative qui rompt avec la sensibilité de la pièce dans son ensemble. Heureusement, le comédien se sauve lui-même par sa présence et son jeu. En dépit de ces quelques maladresses, Nuit à rebours mérite largement d’être vue. L’univers de Moi aussi je suis Catherine Deneuve de Pierre Notte n’estpas loin. Rien que pour cela, Lilian Lloyd a gagné son pari ! 

Laurent Jacotey